L'insurréction qui vient 2 : reloaded

J’aurais aussi bien pu poster ceci sur r/opinionnonpopulaire, mais je me lance ici. Je pense que, de plus en plus, le seul vecteur de progrès social est la violence.

D’abord, un petit rappel qui sera utile pour ma conclusion : historiquement, la gauche s’est divisée en deux grands mouvements. D’un côté, les révolutionnaires qui, comme leur nom l’indique, pensaient que le pouvoir ne pouvait pas être fondamentalement transformé de l’intérieur et qu’il fallait passer par l’action radicale pour obtenir le progrès social. C’est Marx et Engels. De l’autre côté, les réformistes (plutôt du côté d’Eduard Bernstein) défendaient l’idée que les institutions en place pouvaient permettre le progrès social via le vote, le lobbying et éventuellement les coalitions politiques. Ce sont les fameux sociaux-démocrates qui se sont multipliés depuis.

À mon sens, le XXe siècle a démontré que les seconds ont plutôt eu raison. Je ne vous refais pas l’histoire du Front populaire (celui de 36, hein), du goût certain des pays européens pour l’État-providence à la sortie de la Seconde Guerre mondiale et de tout ce qui va avec.

Mais les choses sont différentes aujourd’hui.

La gauche au pouvoir a plusieurs fois merdé (euphémisme) et a fait fuir ses électeurs traditionnels vers le FN puis le RN. Elle est divisée, peut-être pas plus que jamais, mais quand même, et elle est le plus souvent représentée par des gens qui pensent d’abord à leur carrière. C’est la fameuse politique politicienne qui est, à mon sens, inhérente à notre république et qui donne de l’eau à mon moulin, je pense.

D’autre part, les médias sont aujourd’hui particulièrement orientés pour servir les plus riches, n’en déplaise à nos amis de droite persuadés que les journalistes sont tous de gauche. Les rapports de RSF vont dans ce sens. L’indice de liberté de la presse en France est au plus bas, et quand il remonte un peu, c’est parce que les autres descendent. Globalement, les médias en France sont trop souvent trop proches du pouvoir, des annonceurs (ce qui peut sembler assez anecdotique, mais ne l’est pas du tout) ou de leurs propriétaires, qui sont des milliardaires. Un chiffre clé qui en dit long : en France, 90 % de la presse appartient à neuf (neuf !) milliardaires. Ai-je besoin de vous expliquer que Bolloré, Drahi, Arnault, Dassault, Pinault et les autres n’ont aucun intérêt à promouvoir la semaine de 32 heures et l’augmentation du SMIC ?

S’ajoutent à cela les réseaux sociaux et les fake news, les ingérences de pays extérieurs comme la Russie, qui ont tout intérêt à voir l’extrême droite au pouvoir, la droite française qui a fait fi du cordon sanitaire d’autrefois et qui n’appelle pas clairement à ne pas mettre le RN au pouvoir quand elle n’est pas carrément alliée avec lui, LFI traitée d’extrême gauche antisémite alors que son programme n’est pas plus à gauche que celui de Mitterrand, les règles européennes et celles du FMI qui poussent vers l’austérité et toujours plus de marché. Et j’en passe.

Alors voilà où je veux en venir avec mon raisonnement décousu. Le progrès social aujourd’hui s’acquiert dans la rue, en criant, et pas dans les urnes, en votant. Tout un dispositif a été volontairement ou non positionné de telle sorte à verrouiller toute tentative de progrès. Enfin, pas « toute » exactement. Il est de bon ton de donner des miettes de temps en temps pour éviter que la cocotte explose, et si possible une miette qui n’a pas d’impact économique (oui, c’est toi que je regarde le mariage pour tous).

Je ne suis pas politologue et encore moins voyant, je suis peut-être même un peu débile, mais mon avis, c’est que des événements comme le meurtre opéré par Luigi Mangione ou les actions dites d’écoterrorisme vont se multiplier à l’avenir. Tout simplement parce que, si la voie des réformes est bouchée, il ne reste que la voie de la révolution.